2. Le RAID



le RAID - pour Recherche Assistance Intervention Dissuasion est l’unité d’intervention spécialisée de la police nationale. Cette unité d’élite intervient en cas de prises d’otages, d’attaques terroristes, ou de retranchement de forcenés. Elle a notamment été déployée lors des attentats du Bataclan et la prise d’otages de l’Hypercasher.
Je passe une journée dans leurs locaux, près de Bièvres : entre l’armurerie et le centre d’entraînement au combat en milieu confiné - le CQB, pour Close Quarter Battle.

Dans leur armurerie, je cherche le matériel et l’outil spécifique. Des objets industrialisés aux usages extrêmes, conçus pour répondre à des besoins précis. Dans l’espace CQB, je découvre un environnement de simulation paramétrable comparable à une scène de théâtre. La pièce qui s’y déroule montrerait des acteurs portant 30 kg de costume noir évoluer en colonne d’assaut dans un décor aussi étroit qu’une cale de bateau avec pour seul public des instructeurs les surplombant. Les trois coups du début de la représentation risquent d’être frappés à coups de bélier dans une porte.








































Rail Picatinny



Alliage aluminium usiné, largeur 0,835”


Je suis dans l’armurerie depuis plusieurs heures, l’essentiel des objets qui m’entourent sont en métal ou polymère noir. L’armurier m’explique les conséquences de l’intervention à Roubaix en 1996 sur l’évolution de l’armement de l’unité : l’abandon progressif des MP5 chambrés en 9 mm au profit de fusils d’assaut G36C en 5,56 mm OTAN.
Un opérateur entre dans la pièce, visiblement contrarié. Il désangle son casque d’où émergent des lunettes de vision nocturne, pose un fusil d’assaut sur un plan de travail puis apostrophe l’armurier. Il y a eu un incident pendant l’exercice d’effraction et dépiégeage nocturne dont il revient tout juste. L’optique de son fusil d’assaut, un viseur holographique EOTech, s’est désolidarisée de son arme. Or l’armurier est responsable des commandes de matériel ; de l’adéquation de celui-ci avec les besoins des opérateurs et la réalité du terrain.
Le dialogue est tendu. Ici, ni le système de fixation de l’arme, ni le verrouillage de l’optique ne sont remis en cause. C’est une pièce intermédiaire qui est à l’origine de l’incident : un réhausseur d’optique dont la présence s’explique par la difficulté de pencher la tête pour viser lorsqu’on porte un casque à visière blindée ou des lunettes de vision nocturne. L’opérateur m’explique que le réhausseur se fixe au rail du fusil d’assaut via un levier qui s’est pris dans une sangle ou une boucle de son gilet tactique.
Je comprends alors que la plupart des armes à feu ont un standard de fixation qui permet de leur adjoindre une multitude d’accessoires allant de la lampe torche à la poignée en passant par le lance-grenade. Ce standard forme un motif et une silhouette très distincte sur le corps de l’arme. C’est un profil extrudé et cranté nommé rail Picatinny : une interface permettant d’adapter un objet industriel produit en grande série à des situations et utilisateurs variés.